Lorsqu’un patient est atteint d’un lymphœdème primaire ou d’une malformation lymphatique, il est possible d’en identifier les causes génétiques dans 15 à 30 % des cas. Pourquoi faire ces analyses, comment et combien coûtent-elles aux patients ? Le Centre de référence des maladies lymphatiques et vasculaires rares de l’hôpital St-Eloi du CHU de Montpellier répond à ces questions.
L’identification de la cause génétique peut, dans certains cas, être précieuse. Elle aide à comprendre les symptômes, à chercher les complications potentielles, à les prévenir, à orienter le médecin dans le dépistage des anomalies associées.
Explications en quatre points :
La connaissance de la cause génétique permet au médecin de définir avec plus de précision, l’histoire naturelle et le pronostic du lymphœdème.
Par exemple, le lymphœdème de Nonne-Milroy est secondaire à un variant qui inactive le gène du récepteur 3 du VEGF. Le lymphœdème atteint les pieds et les jambes sous le genou. L’identification du variant moléculaire a permis d’étudier l’ensemble des patients atteints. Il n’y a jamais d'extension au-dessus des genoux. Le pronostic est favorable et relève d'un traitement local.
Elle peut également servir à rechercher des complications éventuelles, à les prévenir ou à les traiter précocement.
Ainsi, la détection d’un variant pathogène dans le gène GATA2, responsable du syndrome d’Emberger, est associé à des anomalies de la moelle osseuse qui peuvent provoquer des leucémies. Savoir qu’un patient est porteur de cette mutation permettra de dépister précocement une éventuelle leucémie et de la traiter. A l’inverse, les patients peuvent être rassurés lorsqu’ils n’ont pas cette mutation.
Le lymphœdème peut être associé à d’autres anomalies
En fonction du type de gène impliqué, le lymphœdème peut aussi être associé à d’autres anomalies cardiaques, rénales ou autres. Connaitre le gène permet d’orienter le médecin dans le dépistage des anomalies associées.
Les traitements innovants : certaines anomalies lymphatiques sont associées à une hyperactivité des voies cellulaires induite par le variant génétique. Certaines sont accessibles à des traitements spécifiques qui inhibent cette hyperactivité.
L’identification d’une cause génétique à l’origine d’un lymphœdème relève d’une prescription médicale faite par un médecin expert dans le domaine. Les patients doivent prendre contact avec un médecin d’un Centre de référence ou de compétences. (Liste à disposition)
Après que vous ayez été informé et que vous ayez donné votre consentement, la recherche génétique commence par une prise de sang. Dans certains cas plus rares, comme le Klippel-Trenaunay, une biopsie de peau peut s’avérer nécessaire. La recherche s’accompagne de l’analyse précise de l’arbre généalogique de la famille. En général, un patient ne connait pas toujours l’état de santé précis des membres de sa famille : le point est fait par et avec le médecin. La démarche peut alors déboucher sur l’examen clinique de certains membres de la famille.
Le médecin peut demander d’identifier un variant pathogène dans un gène particulier si la présentation clinique est très évocatrice d’une atteinte particulière. Il peut demander de rechercher les variants les plus fréquemment identifiés dans un panel de gènes : il y en a 29 identifiés à ce jour.
Si, à ce stade, la recherche est négative, une recherche sur l’ensemble des gènes du patient peut être réalisée : c’est ce que l’on appelle l’analyse de « l’exome ».
Cette recherche est longue et sans certitude de résultat. Elle relève à ce jour de la recherche scientifique mais donne de plus en plus de résultats intéressants.
Dans le cas où l’analyse génétique est effectuée au sein d’un centre hospitalier, Centre de référence ou de compétences, les frais sont pris en charge par l’établissement.
En revanche, lorsqu’un patient ne passe pas par un centre hospitalier, les frais de prélèvement et d'analyses génétiques seront à sa charge, ils ne seront pas pris en charge par la Sécurité sociale.
- Recherche des mutations connues sur un gène : de 200 à 300 €.
- Recherche des mutations connues sur plusieurs gènes (de 2 à 30 gènes) : environ 800 €.
- Recherche des mutations connues sur un grand nombre de gènes (+ de 30) ou sur un exome complet : environ 2 000 €.
En France, Le Centre de référence constitutif des maladies vasculaires rares (CRC-MVR) de l’hôpital Saint-Eloi CHU de Montpellier dirigé par le professeur isabelle Quéré.
Ce centre travaille depuis quinze ans avec le Pr Miikka Vikkula (Bruxelles) sur l’identification des mutations génétiques au sein des lymphœdèmes et des malformations lymphatiques et vasculaires. L’identification des mutations en mosaïcisme est réalisée au CHU au sein du département de biologie moléculaire du Pr Jerôme Solassol et discutée avec l’équipe du Pr Miikka Vikkula.