Qu’est-ce qu'un Syndrome d’Ehlers Danlos (SED) ?
Il existe différentes formes de syndromes d'Ehlers Danlos, dont le Syndrome d’Ehlers Danlos (SED) vasculaire (anciennement type IV). Cette maladie génétique rare (1 patient / 150 000) est due à des mutations hétérozygotes du gène COL3A1 touchant le collagène de type III. Sa transmission est autosomique dominante, non liée au sexe puisque le gène COL3A1 se situe sur le chromosome 2.
Comme la plupart des gènes, le gène COL3A1 est présent en 2 exemplaires dans notre génome. Il suffit qu’une des 2 copies soit défectueuse pour que la production de collagène de type III soit altérée et pour que la maladie soit possible.
Le collagène de type III est particulièrement présent dans les vaisseaux (artères et veines), les intestins, la peau, l'utérus, mais aussi dans les poumons, le foie, la rate et les capsules articulaires.
Comment se manifeste-t-il ?
Le plus souvent, il se manifeste dans l’enfance par un certain nombre de signes mineurs, en particulier des hématomes faciles et une certaine fragilité cutanée. La gravité de l’affection tient à la fragilité tissulaire, et les patients sont prédisposés à la survenue de rupture spontanée vasculaire, digestive et utérine. Ces complications, rares dans l’enfance, touchent 25 % des patients avant l’âge de 20 ans, et 80 % avant l’âge de 40 ans.
Comment pose-t-on le diagnostic ?
La maladie se diagnostique le plus souvent à l’occasion d’une complication vasculaire ou digestive. Elle peut aussi être retrouvée lors d’une recherche génétique familiale, lorsqu’un des membres de la famille est atteint.
Le diagnostic est essentiellement clinique, fondé en particulier sur un aspect caractéristique du visage, une peau fine et transparente, des veines anormalement visibles, une tendance aux hématomes, et des complications vasculaires, digestives, et obstétricales chez les femmes. D’autres signes, tels une certaine fatigabilité et fragilité cutanée, un aspect prématurément vieilli des mains, des problèmes de subluxation de l’articulation temporo-mandibulaire, des varices précoces, une alopécie précoce, peuvent être observés. Le diagnostic repose donc sur un faisceau d’arguments cliniques, avec des critères majeurs et mineurs (critères de Villefranche édictés en 1997). En présence d’au moins deux critères majeurs, le diagnostic est fortement suspecté et une recherche de la mutation du gène COL3A1 est justifiée.
Les critères de Villefranche ont été actualisés en 2017: à lire ici
La présence d’un ou de plusieurs critères diagnostics mineurs peut conforter la suspicion du diagnostic mais ne peut suffire à l’affirmer. La réalisation d'un arbre généalogique peut permettre d'identifier des membres de la famille possiblement atteints, afin de leur proposer un diagnostic et un suivi.
L’analyse moléculaire directe (étude de l'ADN) permet de préciser l’anomalie au niveau du gène COL3A1 et permet un conseil génétique, voire un diagnostic prénatal pour la famille étudiée. Cette analyse génétique se fait à partir d’une prise de sang classique, et si nécessaire à partir d’un prélèvement buccal ou d’un prélèvement d’un tissu lésé. Nous ne réalisons plus de façon systématique de biopsie cutanée pour l’étude de la sécrétion du collagène de type 3 par les fibroblastes cutanés mis en culture. Si la mutation est présente, il faut la reconfirmer par un second prélèvement.
L'annonce diagnostique est effectuée en consultation, en présence du médecin référent.
Le conseil génétique est une phase importante de la prise en charge diagnostique, avec en particulier la proposition de réaliser un screening familial selon le contexte. Les patients atteints ont un risque de 50% de transmettre la maladie à leurs enfants. Parfois, la mutation n'est pas retrouvée chez les ascendants et on parle alors de mutation de novo qui pourra toutefois être transmise aux enfants selon les mêmes modalités (risque de 50%).
Le diagnostic génétique prénatal peut être envisagé dans les familles où la mutation est connue. La choriocentèse ou l'amniocentèse comportent néanmoins des risques lorsque la femme est atteinte du syndrome d'Ehlers Danlos de type vasculaire, et doivent être discutées avec un spécialiste.
Diagnostics différentiels
Le syndrome d'Ehlers Danlos vasculaire peut être confondu chez l'enfant avec un syndrome de Silverman ou des troubles de la coagulation comme l'hémophilie. Chez l'adulte, il peut entraîner des confusions avec d'autres formes de syndrome d'Ehlers Danlos, la maladie de Marfan…